Ce fut une belle soirée ! Un public nombreux et « tout ouïe, toute oreille »s’est installé au CDI du collège pour converser avec l’artiste . Car il s’agit bien d’une conversation, d’un échange chaleureux que Jean –Gilles qualifie de « donnant-donnant » . « Je suis une éponge, je me nourris de vous et cette rencontre va me nourrir » Il en fut de même avec les élèves du collège et ceux de la SEGPA de Nogaro qu’il a trouvés très sensibles et ouverts, disponibles et libres.
Badaire a dû s’expliquer sur ses bouquets de fleurs qui ne sont pas de « vrais » bouquets ! Ses fleurs sont plus proches de la poubelle que de la table ! Elles sont là, dépérissantes, dégoulinantes et épaisses, comme une chair en décomposition. Ca ne tient même pas sur un support, ça vole dans l’espace. Assurément ce ne sont pas les bouquets du XVIIème , ni ceux du XIX ème. !
« C’est triste » ! C’est un jugement qui est revenu souvent, autant chez les enfants que chez les adultes. « Bingo ! » a dit Badaire, c’est ce que je veux que l’on éprouve ». Mais il préfère le terme « grave » et ses bouquets, il les veut hors du commun, ce sont les siens, il parle de « somptuosité ». Il viennent du tréfonds de lui-même, comme une impérieuse nécessité. Sa peinture est de l’ordre de l’urgence, de l’expulsion. Il lui faut à un certain moment jeter sur la toile tout ce qu’il a amassé en lui d’images, de sensations, et se délivrer de ce fardeau intérieur qui lui pèse. On comprend alors que la question du temps de l’éxécution est bref, que la facture est violente, que le geste prime. Tout ce qui l’a précédé a mijoté à petit feu au fond de lui-même ! Il a expliqué aux enfants que c’était comme une maternité : neuf mois pour « fabriquer » un bébé au bout desquels il lui faut venir au jour. Belle image qui permet de mieux comprendre les ressorts de sa peinture. Difficile de faire ressentir à qui ne crée pas, le fait que le peintre se « met en danger » dans chaque oeuvre car c’est l’équilibre de son mental , de son corps, qui est en jeu.
Et l’inspiration ????C’est désolant d’apprendre qu’elle n’existe pas, que c’est le travail au quotidien qui fait oeuvre. Que la peinture n’est pas une distraction pour passer agréablement le temps et décorer les murs...L’inspiration c’est la nourriture sensible, intellectuelle, morale, qui emplit chaque jour et chaque nuit. Elle est faite de valeur, de sueur, de maladresses, de découragement, de persévérance, d’ambition et quand des yeux curieux sont là, elle est réconfortée e donne l’énergie de poursuivre la quête.